Alexandra est formée à l’accompagnement de la haute sensibilité par l’Observatoire. Son travail d’accompagnement des enfants, dans toutes leurs singularités, est une inspiration éclairante, cultivant avec soin et allégresse la richesse du vivant sensible et dessinant des lendemains plus conscients et plus sensibles.

Bonjour, je suis de retour et ravie de vous retrouver.

Quand Alban Bourdy, co-directeur de l’Observatoire de la Sensibilité, m’a proposé, il y a quelques mois, d’écrire une chronique régulière sur l’école et la sensibilité, j’ai osé, j’ai dit oui, sans me mettre la pression, et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Vos retours m’ont touchée et j’ai donc continué.

À quelques jours de la rentrée des classes, me revoici avec une nouvelle chronique. Nouvelle à double titre car j’ai eu envie de lui donner un nouveau format. Dans ma vie, le partage et les échanges sont primordiaux et j’ai donc décidé d’inviter, chaque mois, une personne hautement sensible afin qu’elle fasse parler l’enfant sensible qu’elle a été et l’adulte sensible qu’elle est devenue, en nous partageant entre autres ses souvenirs d’école.

Alors je lève mon verre à la naissance de « Parcours d’enfant sensible », ma toute nouvelle chronique pour l’Observatoire de la Sensibilité.

Et pour cette première, j’ai le bonheur de recevoir Élise Bouskila qui a accepté mon invitation, comme une bonne marraine. Elise est coach spécialiste de l’hypersensibilité positive. J’ai découvert Élise lors de la découverte de moi-même, grâce à une interview sur YouTube dans laquelle elle recevait un invité pour parler de son hypersensibilité. Mais c’est lors d’un stage de pompom girl que nous nous sommes vues « pour de vrai », car Elise est aussi professeure de pom-pomgirl. Son cours est extra, on y danse mais on y fait surtout rayonner sa féminité et sa positivité. Des stages ont lieu régulièrement à Paris et je vous invite à aller sur sa page web pour y découvrir les prochaines dates :
elisepompomgirl.com

Je laisse la parole à Élise et je reviens juste après.

 

1. Petite présentation

Prénom : Élise

Nom : BOUSKILA

Âge (si tu en as envie) : 35 ans

Profession : Coach spécialiste de l’hypersensibilité positive.

2 Quand as-tu pris conscience de ta haute sensibilité et quelles en sont les principales caractéristiques ?

Ma prise de conscience s’est faite à travers différentes étapes. La première est une forme d’évidence : j’ai toujours su que j’étais « très sensible ». D’ailleurs, toute petite ça n’était pas vraiment un problème, mais en grandissant le « très sensible » est devenu un « trop sensible ». Ma famille trouvait mes réactions disproportionnées, personne ne comprenait pourquoi je pouvais être aussi affectée par les douleurs des autres et du monde. D’ailleurs, on me répète sans cesse « qu’il faut que je m’endurcisse ».

À l’adolescence, je suis convaincue d’être défaillante. Je crois que tout le monde ressent les mêmes choses que moi à l’intérieur, mais que je suis la seule à ne pas bien le gérer. Je grandis comme ça, en faisant mon maximum pour cacher mon hyperempathie et ma grande émotivité, jusqu’à la fin de mes études de commerce. Le début de ma carrière me confronte à des milieux professionnels aux antipodes de mes valeurs, j’observe tous ces jeux de pouvoirs qui me donnent la nausée et je fais face à des personnalités toxiques et dangereuses.

En 2013, des événements dramatiques (harcèlements, nuisances, deuil…) épuisent mes dernières ressources et mon corps me met à l’arrêt forcé. Déterminée à changer de vie et à ne pas revivre un tel enfer, je décide de travailler sur moi, et c’est là que je découvre le mot « hypersensibilité ». Je lève alors le voile sur de nouveaux éléments qui me caractérisent, comme ma pensée en arborescence vive et surtout mes hyperesthésies (l’ouïe et le toucher principalement) !

Mais à l’époque je mets tout de même de côté l’étiquette d’hypersensible pendant un temps parce que sa définition comprenait une « grande timidité » ainsi qu’une tendance à une certaine « aversion sociale » dans laquelle je ne me reconnaissais pas du tout (étant une extravertie qui adore aller à la rencontre des autres). Les découvertes sur le sujet de l’hypersensibilité ont heureusement évolué, ce qui m’a permis de comprendre que j’étais effectivement pleinement concernée, et j’ai pu continuer à trouver des réponses complémentaires et adaptées à ma personnalité.

3 As-tu des souvenirs d’école ou de vie avec les autres, bons ou moins bons, liés à ta haute sensibilité ?

Oui, des tas ! J’ai plutôt une majorité de mauvais souvenirs concernant la période où je n’avais pas encore mis de mots sur ma haute sensibilité. Beaucoup de moments d’incompréhension de la part de mes proches, de la crainte du jugement des autres, l’impression de devoir mobiliser 10 fois plus de ressources pour un résultat toujours insatisfaisant, sans parler des journées d’anxiété ou des nuits d’insomnie.

Je me souviens particulièrement du jour où je rentrais de mon école de danse classique, déboussolée par les remarques insultantes de la directrice envers « une grande » (j’avais 12 ans à l’époque). J’avais tellement d’empathie pour cette jeune fille, je refusais d’évoluer dans une ambiance que je jugeais malveillante et mes parents ne comprenaient pas pourquoi je voulais quitter cette école alors que les remarques ne me concernaient pas personnellement.

Depuis que j’ai compris qui j’étais et comment faire pour me protéger, pour avoir des solutions adaptées et surtout pour valoriser sans souffrance mon savoir-être et mon savoir-faire de HSP, je collectionne surtout les bons souvenirs : tous les moments d’émerveillement, la joie d’avoir un métier passion qui a du sens, la douceur d’une relation de couple épanouie, les plaisirs d’un environnement de vie apaisant, et j’en passe !

Je pourrais raconter tellement d’anecdotes, mais la première qui me vient c’est sûrement le jour où mon chéri m’a serrée fort dans ses bras et a dit avec un regard plein d’amour : « Je n’ai jamais rencontré une personne aussi gentille que toi et ça me fait fondre ». C’était il y a 14 ans et nous sommes toujours ensemble et fous amoureux. Pourtant on m’avait toujours dit que « j’étais trop gentille » et le fameux « trop bon trop con » pour me faire sentir que ma grande gentillesse était surtout un défaut… Mais depuis ce jour là, j’ai compris que c’était faux et que toutes les caractéristiques de ma sensibilité sont une source de bonheur inépuisable avec les bonnes personnes.

 

4 Qu’aurais-tu aimé avoir ou faire à l’école afin de mieux vivre ces temps de classe et de pouvoir explorer pleinement ta sensibilité ?

En vrac, je dirais : apprendre les bases d’une communication saine, comprendre son système émotionnel, avoir des enseignant.e.s formé.e.s à l’accompagnement des différences de fonctionnement de chacun, et surtout avoir libre accès à des salles d’isolation sensorielle et de repos.

5 As-tu des conseils à partager afin d’être un ou une hypersensible heureux.se ? 

Oui plein (en même temps c’est mon métier d’accompagner les femmes hypersensibles qui veulent être heureuses, donc c’est rassurant ) ! Les meilleurs conseils sont pour moi ceux qui sont personnalisés, parce qu’être hypersensible n’est finalement qu’un des différents paramètres à exploiter pour définir son propre bonheur.

Mais si je ne devais en partager qu’un, suffisamment universel et pertinent vis-à-vis de notre hypersensibilité, ça serait le mantra que j’ai créé pour m’assurer de toujours prendre de bonnes décisions. Cette phrase, c’est « N’écoute pas l’avis de ceux dont tu ne veux pas la vie », et mon conseil c’est donc son corollaire, que je pourrais résumer en : « Suis les conseils de celles et ceux qui (s)ont ce dont tu rêves ».

En gros, ne fais plus confiance au jugement de ta mère sur ton crush alors que sa vie amoureuse est un désastre, ne tiens pas compte des remarques assassines de tonton Jean-Claude sur ton projet entrepreneurial alors qu’il a été fonctionnaire toute sa vie, ne te compare plus à cette fille qui montre une vie incroyable sur les réseaux sociaux alors qu’elle n’a pas un euro de côté. Entoure-toi de gens qui te comprennent, qui sont capables de te soutenir, et te font avancer dans la joie vers la personne que tu as toujours rêvé d’être.

Parce que comme je le répète sans cesse à mes coachées : « Tu mérites le meilleur et ceci est non négociable ».

 

ELISE BOUSKILA / ÉLISE POMPOM GIRL

Positive Energy Maker
elisepompomgirl.com

 

Je remercie tout d’abord Elise pour ses réponses authentiques et ses conseils si positifs.

Elle parle de cette directrice qui gronde une grande et de ce que cela génère chez elle, en lien avec son hyperempathie. Souvent les accompagnants (professeurs, éducateurs etc. mais aussi les parents) ne se rendent pas compte des dommages collatéraux causés par des remontrances adressées à un enfant, en particulier pour les enfants hautement sensibles. Il arrive souvent que des élèves sages, ne faisant jamais de bêtises, se sentent très mal dans leur corps, dans leur tête et dans leur cœur à cause des émotions des autres, comme si c’était eux qui avaient été grondés. En se sentant mal pour l’autre, ils se sentent mal eux-mêmes. J’essaye, le plus souvent possible, si j’ai un enfant à qui j’ai des remarques à faire, de le faire à l’écart des autres, d’une part car ce n’est jamais profitable pour lui de « se taper l’affiche » devant les autres, et d’autre part pour moins toucher la sensibilité des enfants non concernés par cette situation. Ces échanges à deux, même en cas de bêtises, permettent de discuter plus en profondeur avec l’enfant, d’instaurer un climat de confiance avec lui et de lui offrir des cadres plus sécurisants.

Je reviens ensuite sur ce qu’Elise aurait aimé connaître à l’école pour mieux vivre sa sensibilité en classe.

Tout d’abord, elle parle d’apprendre les bases d’une communication plus saine. Il existe de plus en plus d’outils à mettre en place au sein des classes. Dans mon école, nous commençons à mettre en place les messages clairs. Voici une définition de ce qu’est un message clair : « Un message clair est une petite formulation verbale entre deux personnes en conflitIl s’agit d’un échange verbal entre deux élèves en relation duelle visant à la résolution de petits conflits entre pairs » (Eduscol). Il permet de travailler la communication claire et bienveillante en cas de conflit, avec pour but à terme d’améliorer la communication de manière générale, en rendant l’enfant de plus en plus autonome vis-à-vis de l’adulte référent. Je vous tiendrai au courant de la mise en place et des évolutions de la communication entre élèves tout au long de l’année.

Je pense que j’aurai l’occasion de parler dans une prochaine chronique de la connaissance de son système émotionnel. Je voulais revenir sur cette idée de création de salles d’isolation sensorielle et de repos. C’est une vraie difficulté au sein des écoles avec peu de solutions. En effet, les enfants sont sous notre responsabilité et nous ne pouvons donc pas les laisser sans surveillance, dans une salle, isolés, même si je sais qu’ils en ont souvent bien besoin. Je crée donc des moments calmes en classe, des moments de travail ou de détente (Silence on lit, après la cantine pour faire redescendre la pression), mais aussi des moments où l’on n’est pas obligé de rester sur sa chaise, histoire de se détendre les gambettes et de reposer son dos (lire allongé sous son bureau, créer des activités nécessitant des déplacements en classe…). Cette année, toujours dans mon école, nous allons essayer de créer une salle telle que celle-ci qui sera disponible durant les récréations, sous la surveillance d’enseignants volontaires. Un petit groupe d’élèves pourra s’y inscrire afin de se poser un peu, loin du bruit de la récréation. On la voit avec une lumière tamisée, des tapis et des coussins, des livres et surtout du silence. Pareil, je vous tiendrai au courant de la création de cette salle zen et du ressenti des élèves.

N’hésitez pas à venir partager en commentaire, ou sur ma page Instagram (@alexandradevaux8) vos mises en place, vos tips pour aider vos élèves ou enfants à mieux vivre leur haute sensibilité à l’école ou à la maison.

Pour conclure, j’ai envie de vous dire que je suis ravie que la rentrée approche. Je la prépare comme une rencontre amoureuse, nous allons quand même passer une année ensemble 😉 Le cadre doit être accueillant, chaleureux, pour donner envie d’y revenir. Je ne les connais pas, ils ne me connaissent pas, nous allons nous découvrir, apprendre à nous connaître, accepter nos différences, nos bizarreries, pour nous comprendre, nous accepter, même si ce ne sera pas simple tous les jours. Mon cœur est à la fête. Belle rentrée à tous !

Alexandra Devaux

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