La sensibilité
On parle d’hypersensibilité, d’ultrasensibilité, de haute sensibilité ou encore de sensibilité élevée. Dans tous ces cas, il est question d’une sensibilité plus élevée que la moyenne. »
Les dictionnaires donnent souvent « hypersensible » et « ultrasensible » comme synonymes. Dans les deux cas, l’adjectif désigne quelqu’un d’une extrême sensibilité émotionnelle et physiologique.
Les préfixes intensifs « hyper » et « ultra » ont le même sens de « au-dessus, au-delà », mais le premier est grec, le second latin.
« Hyper » a la même valeur d’intensif que « super » mais se retrouve davantage dans le domaine médical (hypertension, hypercholestérolémie). Dans la langue courante il est perçu comme plus intense que « super » (un hypermarché est censé être plus grand qu’un supermarché…).
D’autres termes ont été utilisés, pour désigner l’hypersensibilité, comme « hyperesthésie », apparu au tout début du XIXe siècle pour désigner un très haut degré de sensation, une sensibilité extrême (avec cette caractéristique que l’on ne parle alors que de haute sensibilité sensorielle).
Le préfixe ultra- indique l’idée du plus haut degré mais sans la nuance péjorative d’excès. Nous privilégions donc l’utilisation de l’adjectif « ultrasensible ».
Au XIXe siècle, « ultra-sensible » désigne d’ailleurs souvent de façon plutôt positive un degré de sensibilité permettant de saisir les choses avec subtilité. C’est notamment le cas pour des personnes sensibles à l’art. Par exemple Baudelaire l’utilise à propos de la peinture de Delacroix et de la sensibilité nerveuse : « Comme la nature perçue par des nerfs ultra-sensibles, révèle le surnaturalisme. » Quarante années plus tard, en 1894, l’écrivain belge Hubert Krains constate que les amateurs d’art, « ces natures ultra-sensibles et délicates », fuient un présent décevant pour se réfugier plutôt dans le passé. (La Société nouvelle, 1894, volume 1, « Chronique littéraire », p. 824.)
L’utilisation de superlatifs n’est pas forcément une bonne façon de désigner l’extrême sensibilité.
Nous pensons, par conséquent, que le recours à l’usage anglais de l’adverbe « highly », « hautement », pour désigner comme le fait Elaine N. Aron une « Highly Sensitive Person » (souvent abrégé en HSP) est préférable. La hauteur marque une intensité sans excès péjoratif, au contraire.
Nous parlerons donc plus volontiers de « sensibilité élevée », et de « personne hautement sensible » ou « ultrasensible »
Marie-France de Palacio & Fanny Marais
Voici un test pour vous situer par rapport à la haute sensibilité :