Alexandra est formée à l’accompagnement de la haute sensibilité par l’Observatoire. Son travail d’accompagnement des enfants, dans toutes leurs singularités, est une inspiration éclairante, cultivant avec soin et allégresse la richesse du vivant sensible et dessinant des lendemains plus conscients et plus sensibles.

 

Une nouvelle année vient de commencer. Je vous la souhaite heureuse, pleine de petits et de grands bonheurs. Une nouvelle année est pour moi synonyme de nouvelles aventures, de surprises, de rencontres. Une nouvelle page s’ouvre, à nous d’y écrire notre belle histoire.

Pour nous lancer à cœur ouvert dans 2024, j’ai le plaisir de recevoir Aurélien Dumont (eh oui, c’est le tour d’un homme). Nous nous sommes rencontrés au sein de notre école de théâtre Evenice grâce à notre professeure préférée Sophia Madar. Nous ne partagions pas le même cours mais nous nous sommes souvent croisés.

Je vous laisse en sa compagnie afin de découvrir son Parcours d’Enfant Sensible, et je vous retrouve juste après.

 

1. Petite présentation

Prénom : Aurélien

Nom : Dumont

Âge (si tu en as envie) : 27 ans

Profession : Chargé de production dans les télécommunications

2. Quand as-tu pris conscience de ta haute sensibilité et quelles en sont les principales caractéristiques ?

À l’école.

Je surréagissais beaucoup à certaines situations et étais énormément sensible dans mes relations. Je fondais en larmes aussi rapidement que je pouvais éclater de rire. Et j’étais très empathique déjà très jeune, je m’identifiais facilement aux films que je pouvais regarder, étant amoureux du cinéma dès le plus jeune âge.

3. As-tu des souvenirs d’école ou de vie avec les autres, bons ou moins bons, liés à ta haute sensibilité ?

Je me rappelle, en primaire, pleurer dès que mon amoureuse partait quand sa maman venait la chercher. C’était pour moi un déchirement, même si je savais que je la reverrais le lendemain.

4. Qu’aurais-tu aimé avoir ou faire à l’école afin de mieux vivre ces temps de classe et de pouvoir explorer pleinement ta sensibilité ?

Il n’y a pas de choses particulières pour moi à faire à l’école, c’est vraiment lié à mes relations amicales et nous savons que les enfants sont aussi lunatiques et réagissent vivement. Je n’ai pas d’idée particulière de chose à appliquer mais plutôt d’une harmonie à créer dans la classe et une compréhension à vivifier auprès de chacun.

5. As-tu des conseils à partager afin d’être un hypersensible heureux ?

Une psychologue m’a dit enfant : Tu n’es pas comme les autres, tu es différent, mais c’est une force que tu n’imagines pas.

Je crois que c’est ce qui est à retenir, la sensibilité est une force. Plus on l’assume, plus elle est décuplée.

Soyons fiers d’être sensibles et n’ayons pas peur de le montrer.

 

 

Merci Aurélien pour ces confidences.

On se rend compte que sa haute sensibilité prend toute sa place dans la relation aux autres. Dès l’école primaire, il se retrouvait à fondre en larmes quand son amoureuse partait. Le déchirement étant plus fort que le fait de savoir qu’il la retrouverait dès le lendemain, la tristesse prenait toute la place. Les enfants laissent libre cours à leurs émotions, le cœur parle avant la raison. C’est pour cela qu’il est important de ne pas nier les émotions ressenties par les enfants (« C’est normal que tu sois si triste car ton amoureuse est partie. »), le fameux « C’est pas grave. » n’est alors pas recevable par l’enfant car pour lui, à cet instant, c’est GRAVE. À nous ensuite de leur apprendre à ne pas se laisser déborder (« Tu sais, tu vas la revoir demain et tu ressentiras alors de la joie. »). En classe, très vite, on apprend à mettre les bons mots sur ce que l’on ressent. Plus les enfants sont grands, plus on apprend à nuancer les émotions. Apprendre à nommer nos émotions, c’est commencer un travail d’introspection qui leur servira toute leur vie. En effet, prendre le temps de se questionner, de s’écouter, de nommer ce qu’on ressent, d’accueillir, est, selon moi, nécessaire toute la vie, alors autant apprendre à le faire dès tout petit. Comme je l’ai déjà dit dans une chronique précédente, on peut commencer avec le livre « La couleur des émotions » pour les plus petits, et continuer avec « Au fil des émotions » pour les plus grands. Il existe énormément de livres aujourd’hui qui parlent des émotions, ce qui me réjouit beaucoup. En classe, mes élèves ont fabriqué un porte-clé des émotions qu’ils utilisent quand ils ont envie, en particulier lorsqu’ils n’ont pas envie de parler.

Aurélien parle rapidement de cinéma et des films auxquels il s’identifiait. Élise Bouskila en parle très bien dans ses conférences sur l’hyperphantasie : «L’hyperphantasie est la capacité de visualiser des images mentales aussi vives que la réalité.» On ressent ce que l’autre ressent même en lisant un roman ou en regardant une fiction à la télé ou au ciné, sans parler évidemment des documentaires. Certains hypersensibles ne peuvent absolument pas regarder de films d’horreur, alors que d’autres aiment le grand frisson. L’empathie ressentie pour les personnages est souvent importante pour les hypersensibles, c’est pour cela que certains pleurent beaucoup. En classe, lorsque nous regardons un film ou un dessin animé, certains de mes élèves vivent chaque moment dans leur corps (tremblements, pleurs, sourire…), et se cachent régulièrement les yeux. Quand j’en discute avec eux pour pouvoir calmer certaines peurs au moment où deux personnages se disputent par exemple, ils ne peuvent envisager une fin heureuse tellement l’émotion du moment est intense. Je leur propose alors de choisir s’ils veulent regarder la suite ou non, se mettre un coussin devant les yeux ou non. Je cherche ce qui leur conviendrait le mieux pour la suite. Puis, petit à petit, ils se sentent rassurés et peuvent de plus en plus souvent regarder le film en entier, en ressentant tout autant leurs émotions sans se laisser déborder. Aurélien a gardé un goût immense pour le cinéma. Je vous invite d’ailleurs à vous rendre sur sa page Instagram consacrée au cinéma @cinephile_chronique

Pour finir, j’aimerais revenir sur les mots de la psychologue qu’il a rencontrée : « Tu n’es pas comme les autres, tu es différent mais c’est une force que tu n’imagines pas. » Oui, il faut parfois du temps pour s’en rendre compte. Je tiens avant tout à rappeler que la haute sensibilité n’est pas responsable de notre mal-être. Cette sensibilité nous fait juste ressentir tout plus intensément. Si nous sommes mal et hypersensibles, ce mal-être sera plus important et il en sera de même si nous sommes heureux, tristes ou en colère. La personne hautement sensible ressent et vit les choses plus fort, d’où l’importance d’être bien avec soi, de s’aimer, de s’accepter, et d’analyser ce qui ne va pas afin d’en trouver la solution. N’hésitez pas, si vous ne vous sentez pas assez entouré, à aller faire un tour dans des associations comme Surdouessence, qui regroupe des neuroatypiques, où les échanges se font sans jugement et avec bienveillance. Les autres sont porteurs de solutions car chaque parcours de vie est passionnant. Il existe de nombreuses personnes ayant réussi à sublimer cette sensibilité souvent débordante, ayant réussi à apprivoiser celle-ci et à la câliner.

 

Merci Aurélien pour le partage de ton Parcours d’Enfant Sensible.

Je vous renouvelle mes vœux de bonheur pour l’année à venir et pour toute votre vie. On se retrouve, en février pour une nouvelle chronique, sur les réseaux @alexandradevaux8, ou peut-être au coin d’une rue.